mercredi 14 juillet 2010

Du rêve pour les oufs, Faïza Guène

 "C'est vrai que si on est bête dans l'amour, alors qu'est-ce qu'on est bête dans le chagrin d'amour..."
"En ce moment, j'ai l'impression de perdre au jeu du lancer de dès. On jette le dé sur le tapis des dizaines de fois en y croyant très fort à chaque coup. On l'imagine déjà s'arrêtant sur le glorieux six, mais rien à faire, le score est toujours petit. [...] On a beau le secouer dans le creux de ses mains, souffler dessus, fermer les yeux et chuchoter une prière, toujours rien."


Dans mon panier "lectures de vacances", j'ai pioché hier ce roman :



L'histoire : Ahlème a vingt-quatre ans, son père et son frère à charge, depuis le décès de sa mère et leur arrivée en France. Elle doit gérer son père qui perd un peu les pédales depuis un accident du travail, et son frère de quinze ans, en passe de se faire exclure de son lycée. Entre les petits boulots pour gagner sa vie, les rendez-vous trimestriels à la préfecture pour son renouvellement de carte de séjour et ses copines qui veulent à tout prix la caser, Ahlème mène donc une vie rangée. Mais la jeune femme est une rêveuse, qui observe et décrit le monde avec un regard percutant et lucide. 


Mon avis : Même si ce n'est pas LE roman du moment, j'ai beaucoup aimé lire ce livre. Je dirais qu'il s'est laissé lire tout seul, tout simplement parce que j'ai été touchée par le récit de vie de ce petit bout de femme qui s'inquiête plus pour ses proches que pour les autres. 
J'ai également beaucoup aimé le style de l'auteur. Elle a vraiment une plume particulière : entre les mots en verlan ou en arabe, les phrases châtiées et les proverbes de Tantie Mariatou, on sourit beaucoup. Une écriture créative, en somme. Et pourtant, de certaines phrases surgit une poésie subtile, sensible, qui attache encore plus le lecteur aux personnages.
J'ai aimé l'idée principale de ce roman, c'est-à-dire les réflexions personnelles sur le monde qui l'entoure d'une jeune fille déracinée, arrachée à sa terre natale en de dramatiques circonstances, et qui n'a pas d'autres choix que de devenir l'adulte et de tout assumer. Le regard est vif, acéré, juste et lucide. 
Enfin, j'ai aimé le sort réservé au personnage d'Ahlème, du début à la fin : de sa motivation à trouver un vrai travail à son histoire d'amour avortée avec un clandestin rencontré dans la file d'attente de la Préfecture en passant par sa détermination à être dans sa famille celle qui décide, on sent chez elle une véritable évolution. On la voit grandir, changer progressivement de point de vue sur son pays natal, l'Algérie, et le départ de la famille pour le bled marque un vrai tournant dans cette transformation. Dans cet attachement à ses racines, Ahlème trouvera la motivation pour retourner en France affronter une réalité pas toujours rose.
Et enfin, j'ai aimé parcourir ce livre avec un semblant de sourire sur les lèvres (même si ce qui est décrit ne prête pas systématiquement à rire), car chaque situation amenait une remarque teintée d'humour de la part d'Ahlème, et c'est ce qui permet en grande partie au récit de fonctionner : l'originalité et la fraîcheur de l'écriture.

1 commentaire:

  1. Il faut que je lise la première page pour voir si le style ne me rebute pas. ;)

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