samedi 12 octobre 2013

Blue Jasmine, Woody Allen

Blue JasmineL'histoire : Jasmine a tout perdu. Son mari, Hal, était un escroc et un jour, il est arrêté en pleine rue et mit en prison. Pour sortir la tête de l'eau, Jasmine se réfugie chez sa soeur, qui vit dans un modeste appartement de San Francisco. Mais Jasmine n'est pas habituée à ne pas mener la grande vie, et se sent totalement perdue dans son nouvel environnement. 









Mon avis : Il n'y a que Woody Allen pour créer des personnages à la fois pathétiques et incroyables, bouleversants et déjantés. Jasmine, qui a changé de nom parce que Jeannette c'est moins glam', arrive chez sa frangine après avoir raconté sa vie à une vieille dame dans l'avion, dans ses fringues haute couture, et accompagnée de ses valises Vuitton. 
Elle a évidemment beaucoup de mal à s'habituer au mode de vie de Ginger, qui n'a pas eu la chance d'épouser un homme riche, et qui vit modestement avec ses deux enfants et son salaire de caissière. La rencontre avec le fiancé de sa soeur, Chili (il faudra que je vous en parle, de lui, tiens, j'ai eu un choc en le voyant) est une scène qui m'a fait beaucoup rire. Le décalage entre la grâce aristocratique qui se dégage de Jasmine (élégance en grande partie due à ses fringues, il faut le dire) et les manières de rustres de Chili et son pote est saisissant. 
C'est donc avec dégoût que Jasmine doit se résigner à trouver un job, suivre des cours d'informatique pour reprendre ses études, bref, faire tout ce qu'elle n'a jamais eu besoin de faire lorsqu'elle roulait sur l'or. 
Peu à peu, on voit Jasmine s'écrouler, se réfugier dans la vodka mais en même temps refuser de se laisser aller, comme si elle n'acceptait pas la réalité. Cate Blanchett est époustouflante, à la fois magnifiquement belle et sophistiquée, mais en même temps le visage tellement défait, marqué, sur certains plans qu'elle en devient presque laide. Je dis presque, hein, parce qu'elle est bien aidée sur ce coup-là par les tonnes de mascara qui coulent chaque fois qu'elle pleure (le waterproof, ça existe), enlaidissant donc son visage. 
Mais Jasmine conserve ses rêves de grandeur et de richesse. Lorsqu'elle rencontre un homme qui pourrait lui apporter exactement la vie qu'elle menait avant, elle s'enfonce dans le mensonge... chassez le naturel, il revient au galop. Jasmine recommence à se montrer méprisante envers sa soeur, et la pousse à "viser plus haut" que son ringard de fiancé.

Parallèlement, l'histoire revient sur le passé de Jasmine et Hal, de leur bonheur de riches à la découverte de l'escroquerie de Hal. Au fur et à mesure que ces flashback défilent, on comprend (enfin, moi ça m'est venu à l'idée) comment Hal a été arrêté. 

Ce qui m'a un peu gênée, c'est le côté caricatural des pauvres incultes ringards, paumés et sans ambition des personnages de Ginger (la soeur de Jasmine) et son entourage. Si Jasmine rencontre un riche veuf, Ginger, elle, n'attirera que des loosers. Mais la morale est sauve, hein... eux au moins ils sont sincères et ne mentent pas. Soit... 

Ce film dresse donc le portrait d'une femme à la dérive, coincée entre ses aspirations dont elle n'arrive pas à se défaire, et son refus de voir la vérité, sa déchéance, en face. Jasmine sera au bord de la crise tout au long du film, et on attend le moment où tout va basculer. J'aurais aimé la voir exploser, agir d'une manière totalement opposée à son personnage. Mais Woody Allen boucle la boucle d'une manière qui m'a laissée un peu sur ma faim.


Maintenant que j'ai tout dit, je peux raconter le choc : le rôle de Chili, le fiancé de Ginger, est interprété par Bobby Cannavale, que les anciens fans de la série NY911 reconnaîtront (il jouait l'un des secouristes de la série, son personnage meurt dans la saison 2)... ou pas... La touche qu'il a, dans le film!! OMG! C'est en même temps à mourir de rire et très flippant. On se demande si c'est juste pour le film ou s'il n'a vraiment pas bien vieilli...

11 commentaires:

  1. J'ai vu le film il y a quelques heures et je suis encore un peu dedans ! J'ai comme toi beaucoup aimé le jeu de Cate Blanchett, je l'ai trouvée époustouflante à passer ainsi de la femme sophistiquée à la paumée. Lors de la rencontre avec Chili, son copain et Jasmine, j'ai comme toi trouvé la caricature excessive mais en avançant dans le film je me suis dit que finalement l'idée était peut-être de confronter des gens simples qui vivent leur vie telle qu'elle se présente à eux (sans ambition, certes, mais en s'amusant et profitant) à d'autres comme Jasmine et Hal qui gâchent leur vie en tentant de vivre un rêve qui finalement leur échappe et en oubliant d'être heureux. Bref, j'y ai surtout vu une réflexion sur la vie qu'on mène et la vie dont on rêve ...

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  2. Oui, c'est sûr, il y a de ça. Mais je trouve que, du coup, ça manque de nuances, Ca fait un peu les bons pauvres et les méchants riches... alors qu'au fond, Jasmine est en effet plus à plaindre.
    Tu as aimé? Moi, oui, malgré cela.

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  3. Oui, j'ai aimé mais plus pour le jeu des acteurs et la manière dont le récit est mené (le dévoilement progressif du passé) que pour l'histoire en elle-même. J'ai perçu un peu de nuance avec le personnage de Ginger qui parvient à s'adapter à un milieu et à des gens un peu plus raffinés qu'elle (lors de la soirée + de sa brève relation avec l'ingénieur du son) alors que Jasmine est incapable de s'adapter ne serait-ce que brièvement à des gens plus modestes qu'elle. Mais dans le fond, tu as raison, ça reste manichéen.

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  4. Et la manière de parler en VF de Jasmine est insupportable!!

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    1. Han, la VF, moi j'aurais pas pu!
      Je crois que depuis que je me suis habituée aux séries en VO, je ne peux plus revenir à la VF.

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  5. J'ai très envie d'aller le voir, peut-être pendant les vacances ?

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  6. J'avais presque envie d'aller le voir, moi qui ne vais strictement jamais au ciné, mais finalement à te lire et à lire Eloah... j'ai moins envie ! Je crois que je vais rester chez moi !
    Bises de Capp

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    1. Oh ben pourquoi?
      Si tu avais envie, il faut y aller rien que pour le plaisir de peut-être nous contredire!
      Bises

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  7. Woody Allen, c'est toujours spécial.... s'il passe par Maurice, je me laisserait quand même tenter.

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    1. Toujours spécial, en effet.
      J'avoue que je n'ai pas vu tous ses films, mais ça reste quand même de bons moments de ciné.
      J'espère qu'il passera par chez toi!

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