lundi 29 décembre 2014

Indécision (une photo, quelques mots, 23)


 



Assise à une table qui me permet d'observer l'entrée du bistrot, je guette. Je le guette... 
Mes doigts courent nerveusement sur la table devant moi. Machinalement, mon index suit le contour des carreaux de cet énigmatique échiquier. 
Je n'ai jamais su jouer. Je n'ai jamais vraiment voulu apprendre, en fait. Trop compliqué, trop stratégique, trop de pièges, trop de tout! 

Je ferme les yeux et pose mon doigt au hasard. 
Case blanche, il m'adressera son merveilleux sourire et me dira que je lui ai manqué. 
Case noire, il s’assiéra lentement, cherchant ses mots, ne trouvant pas comment me dire que la partie est terminée. 
Véritable jeu d'échecs que l'histoire d'un amour naissant : combien de coups pour faire céder la Reine? 

J'ouvre un œil. Mon doigt est posé sur la ligne, en parfait équilibre entre deux cases. 
Le carillon retentit, la porte s'ouvre, laissant entrer l'ouragan du vent frais, des klaxons enragés et sa silhouette élégante. 
Mon doigt glisse imperceptiblement vers la case blanche.




Photo déjà présentée par Leiloona pour un des ateliers du lundi, mais comme je n'avais pas écrit la première fois sur cette photo, je m'y suis donc collée cette fois-ci!

vendredi 19 décembre 2014

La radio des blogueurs, Noël à paillettes!



Pour cette nouvelle session de la Radio des blogueurs, Ma copine Leiloona nous met au défi de trouver des chansons dégoulinantes d'amour, de licornes à paillettes, bref, de bons sentiments, pour attendre Noël. 















J'ai choisi LA chanson que je verrais bien au générique de fin d'une comédie romantique. 
Et en plus on peut chanter à tue-tête! 




Playlist complète le 24, à écouter sans modération en attendant le Père Noël!

jeudi 18 décembre 2014

Sous les couvertures, Bertrand Guillot

"Et si le grand livre, c’était celui devant lequel le lecteur se sent tout petit ?"



L'histoire : Quand les livres prennent vie, vous savez ce qu'ils se disent? Ils parlent de littérature et de lecteurs, de stratégies pour arriver enfin à être remarqué, feuilleté, acheté... Après la fermeture de la librairie, c'est au tour de des livres de s'exprimer. La plupart envie ceux qui sont posés sur la table, bien en vue près du comptoir de caisse, juste à portée de main d'un acheteur potentiel. Alors les oubliés essaient de trouver un moyen de ne pas finir au pilon. Et ça promet une sacrée guerre! 








Mon avis : Des livres qui s'animent, se racontent et "vivent" pour de vrai, forcément, j'adhère. J'imaginais déjà toute petite ce qui pouvait bien se passer, une fois la bibliothèque fermée. 
Ce bouquin, c'est le Toy Story de la littérature. 
Ce roman s'adresse aux amoureux des livres, à leur imaginaire et à leur soif de découvertes. Il mêle élégamment tous les genres de lecture, sans exception ni hiérarchie. 
Finalement, la seule hiérarchie, c'est celle que s'impose le libraire, lui qui décide quel roman aura sa place en haut d'une pile sur la table. Les nouveautés, les best-sellers, forcément, avec leurs belles jaquettes, ont la part belle. 
Les autres, alors, décident de se rebeller, et d'attaquer la table, pour renverser le "pouvoir". 

J'ai aimé l'intrigue, les surnoms donnés aux livres, le mélange des genres, l'idée que les livres volent à travers la librairie, ouvrant grand leur pages. 
J'ai aimé le style de l'auteur, sa douceur, son humour aussi, son amour des livres qui transparait à chaque ligne, sa modernité (car on n'échappe pas à l'apparition d'une tablette numérique!).
J'ai aimé aussi la construction du roman, l'alternance des chapitres et des points de vue. En effet, il y a les chapitres qui se situent dans la librairie, puis il y a les autres, où l'on découvre la vie du libraire, de Sarah, son employée, et même des auteurs des fameux livres. 
J'avoue tout de même m'être un peu lassée lors de la bataille des livres, que j'ai trouvé un tantinet trop longue et vraiment très détaillée. 
Mais c'est le seul bémol, car ce roman est tellement bon, que je suis un peu restée sur ma faim : j'aurais aimé voir la tête du libraire et de Sarah à la vue de la table toute chamboulée, j'aurais aimé savoir quels livres allaient être gardés et ceux mis au pilon, j'aurais aimé voir l'évolution de la librairie grâce aux transformations de Sarah... 

Ce roman livre aussi une réflexion très actuelle, éclairante et réaliste, sur le monde de l'édition, le passage au numérique, les stratégies des maisons d'édition.
Cette une très belle lecture, très moderne et pleine de poésie.

En bref, si vous avez toujours rêvé de voir l'envers du décor, ce livre est pour vous!
Sur ce, je vais aller vérifier ma bibliothèque... histoire de voir si un livre ou deux n'auraient pas changé de place, par hasard... 


Je lui attribue la note de 4.5 sur 5, parce qu'il le mérite. 

Et je remercie aussi ma copine Stéphie, du blog Mille et une frasques, car, grâce à ta sélection, ma belle, j'ai lu deux romans qui m'ont beaucoup touchée.

mercredi 17 décembre 2014

Noël en avance

Il reste à peine une semaine avant le réveillon.
Il est donc largement temps que je vous montre la décoration de cette année.

D'abord, mon sapin, égal à lui-même, d'année en année.


 (Le Père Noël a déjà l'air d'être passé!)


Ensuite, la décoration de table, pour un repas entre copines. 
 




Joyeuses fêtes tout le monde!

lundi 15 décembre 2014

Le chemin des possibles (Une photo, quelques mots, 22)


@Romaric Cazaux


L'allée est presque vide, c'est étrange. 
Je presse le pas, un peu effrayé à l'idée d'être en retard, de m'être trompé de chemin, de la manquer... c'est ridicule... Je me sens ridicule. 
Et engoncé dans cet accoutrement d'un autre temps! Il faut dire que l'amplitude mes mouvements s'est considérablement réduite depuis que j'ai enfilé ce... costume. Le pire, c'est le manteau (qui doit porter un autre nom, d'ailleurs, mais je m'en fous). Une taille en dessous de ma taille habituelle, mais bon, c'était ça ou rien. 
Comme si le postiche et le chapeau, ça ne suffisait pas.
Finalement, c'est pas si mal, qu'il n'y ait personne dehors pour voir ça. De toute façon, il faudrait être malade, pour sortir par un temps pareil... qu'est-ce que ça caille...  

Mais qu'est-ce qui m'a pris, bon sang! Pourquoi lui ai-je dit que je viendrais? 
"Parce que tu es incapable de lui dire non...". Oh, toi, la petite voix dans ma tête, ça va, hein! 
En même temps, c'est pas faux. Et ça m'énerve, mais ça m'énerve!
Il faut que je me résonne, sérieux, parce que se précipiter dès la première sonnerie du téléphone quand elle appelle, checker ses mails ou ses sms toutes les quinze secondes au cas où, dire amen à tout, c'est pathétique. Voilà, pathétique, c'est le mot. 

Déjà que je passe mon temps à regarder en boucle le dvd des photos (pas ratées, celles-là) de nous, prises lors du baptême de notre Célia... une petite seconde... des photos de nous? Mais il n'y a même pas de nous! 
"Pas encore...". Ta gueule!
A la pensée de notre première soirée, chez mon frère, tranquillement installés dans le canapé, je ne peux m'empêcher d'espérer. Bon, d'accord, on a surtout gagatisé à mort, à ne pas détacher nos yeux de Célia qui dormait, à nous passer le babyphone, perplexes.. "t'entends un truc, toi?". Mais c'était agréable, on faisait très "jeunes parents angoissés", les cernes et la fatigue en moins. 
Je me demande encore comment j'ai eu le courage de lui demander si je pouvais passer. 
Avec Servane, je me sens bien, c'est simple, en fait. 

Bien, ok, mais peut-être pas au point de me ridiculiser. Fêter Halloween dans les jardins de Versailles, quelle idée délirante! Et une soirée à thème, en plus...
Sans déconner, si je trouve celui qui a inventé ce concept, je le... 

La sonnerie du téléphone interrompt mon délire sanguinaire. 
Le nom de Servane s'affiche sur l'écran. Mes mains deviennent moites et je peine à ouvrir le SMS. 
Ah non, en fait, c'est un MMS (décidément, cette fille aime les photos). D'elle, en costume. J'avale péniblement ma salive avant d'arrêter de respirer.
"Ben t'es où? J'espère que ton costume en jette, parce que moi je me trouve vraiment pas mal. J'adore cette robe! Je t'attends". 
Pas mal, non... Fabuleuse, plutôt. Magnifique, divine, sublime... tout sauf "pas mal".

Adrien, ressaisis-toi, si tu te présentes devant elle avec ce sourire béat sur le visage, tout ce que t'auras, c'est l'air d'un  con...



Après une petite semaine d'absence, voici ma 22e participation à l'atelier d'écriture de Leiloona
Celles et ceux qui réclamaient une suite à mon 20e texte, vous voilà exaucés!

jeudi 4 décembre 2014

Moi après mois, my November

Un repas d'anniversaire en famille / Un dernier dimanche de vacances / Candy Crush Saga, niveau 410, ou comment gagner le respect de ses BTS / Une jolie photo trouvée par hasard / Un concert comme si on y était / Mon coeur qui fond toujours en entendant "Couleur menthe à l'eau" / Trois billets pour l'atelier du lundi et pas le courage d'en écrire un quatrième... mais en fait, si / Des verrines aux couleurs chaudes / Une semaine de Festival du film / Des blogueurs motivés et plein d'initiatives / Des séances de ciné en avant-première sans se taper la file d'attente / Une accréditation qui me fait me sentir un petit peu VIP quand même / Clearstream, Enigma... de secrets d'état en secrets d'état, le festival frappe fort / Quand les élèves glissent une photo trop graou de Gilles Lellouche dans ma clé USB / Revenir à la réalité des cours, c'est un peu dur / Jacques Audiard, Michel Hazanavicius et Bérénice Béjo, du beau monde pour ce festival / Des cordons et des sacs bleus partout dans les rues / Des muffins, des chouquettes et une tarte au Milka, c'est ça aussi le blog du festival / Un lundi matin à la Poste, se retrouver encadrée par deux flics, un fourgon d'identification criminelle et devoir sortir sa carte d'identité pour prouver que non, on n'a pas cambriolé le centre de tri / Des dédicaces sympas sur les réseaux sociaux / Faire des bourdes de blondes dans son boulot : de quoi rassurer un copain inquiet de me voir "m'ordinariser" / Préparer le cadeau d'anniversaire de ma pépette, cinq ans déjà / Une gourmette symbolique / Un lundi comme un autre... et puis soudain tout s'arrête / 12h57 pour toujours / Le chagrin immense qui s'abat sur une famille de cœur / Tellement de questions, de douleur et l'impression de ne pouvoir l'expliquer à personne... sauf elles / semaine noire et une autre terrible nouvelle / Une semaine dans le brouillard, à côté de tout / L'impression que tout cela n'est pas réel, que tu ne peux pas être partie comme ça / Deux enfants sans cesse dans mes pensées / Trouver tout le reste secondaire et totalement futile / Préférer se souvenir de ce sourire, de cet humour, d'un string en laine, d'un docteur Bogoss, de converses et de couleurs / Refaire surface tout doucement / Et Mélinée pointe le bout de son nez / Un coup de fil qui fait chaud à mon coeur de marraine. 


C'est ma participation ce mois-ci au rendez-vous de Moka
Je ne mettrai pas de photo ce mois-ci, je suis incapable de trouver un cliché reflétant toutes les émotions contradictoires de ce mois. 
Juste une chanson peut-être : 


 

mardi 2 décembre 2014

Laurette et les p'tits bonheurs de la vie; Christy Saubesty

Oui, aujourd'hui, c'est permis, grâce à Stéphie, et son challenge. 

Pour continuer sur ma lancée, j'ai continué ma découverte des écrits de Christy Saubesty. 


L'histoire : Laurette est une jeune femme dynamique, pleine de vie et excentrique. Elle travaille dans la pharmacie de sa mère, après avoir été virée de son ancien travail, en tant que conseillère en cosmétique, pour avoir eu un geste malheureux envers une cliente désobligeante avec elle. La cliente avait en effet fait une remarque sur le fait que Laurette est un peu ronde. 
Alors qu'elle aide sa mère à la pharmacie, elle fait la connaissance... fracassante... de la famille Ferry, Selivan, Sacha, les enfants et Simon, le papa divorcé un peu dépassé. Justement, Simon cherche une nounou pour ses enfants terribles. Laurette n'hésite pas une seconde, et postule immédiatement. 









Mon avis : petite romance bien sympathique, ce court roman se lit vite et bien. 
L'histoire progresse de manière cohérente, que ce soit concernant l'attachement progressif de Laurette pour les enfants ou concernant les sentiments qui grandissent entre Laurette et Simon. 
Le style est délicat, simple et bourré d'humour. On sourit souvent, et c'est dans l'esprit de la personnalité de Laurette. Quelques coquilles sur la liseuse, mais passons. 
Côté péripéties, Laurette a le don pour se retrouver dans des situations cocasses et assez gênantes, à cause des petits diablotins qu'elle garde, mais finalement, elle s'en sort pas mal, en gardant toute sa dignité et un humour à toute épreuve. 
Cette romance, puisque le genre l'impose, est pleine de bons sentiments. Laurette déborde d'instinct maternel, les enfants l'adorent, l'ex femme de Simon qui les a laissés pour partir habiter aux States passe pour la méchante, et Laurette et Simon refusent dans un premier temps les sentiments qui les animent parce que "ce n'est pas bien". Mignon, quoi, en somme. 
Pour autant, je trouve qu'on insiste bien trop sur le physique de Laurette. On parle de ses tenues extravagantes, mais jamais sans évoquer le fait que tout vêtement la "moule". Bon, ça donne plutôt l'impression que ça la boudine. Du coup, on l'imagine bien plus forte qu'elle ne l'est en réalité. On apprend en fait qu'elle ne fait qu'un malheureux 44. Que quelqu'un me dise en quoi s'habiller en 44 est considéré comme synonyme de trop "gros". Laurette a des complexes, certes, mais vire un peu parano, aussi. Il suffit qu'un personnage la regarde, ou même se tienne près d'elle, pour qu'elle se dise, que ça y est, il a remarqué sa taille, et c'est pour cela qu'il fait une sale tête. 
De bons sentiments, donc, pas de scènes torrides, à peine quelques pensées parsemées de fantasmes dans la tête de Simon et Laurette. 
C'est un roman "conte de fées", et parfois, ça fait du bien. 

Ces petits détails passés, on parvient sans peine à apprécier ce roman qui réchauffe le cœur, qui se lit d'une traite, et qui fait sourire.
Je ne connaissais que les romances érotiques de l'auteur, et, si j'ai été surprise de découvrir cette romance tendre, je n'ai pas été déçue.

lundi 1 décembre 2014

Le voyage



- " Hey, tu sais que t'as de belles fesses, toi? On peut toucher?"
- Arrête, tu vas te faire embarquer par la sécurité, et je te jure qu'on poireautera pas pour récupérer". 
- N'empêche, c'est pas faux. Un petit boxer orange et il serait parfait."

Le groupe de copines éclata de rire. Elles étaient six (mais dans leurs coeurs, elles étaient beaucoup plus), à avoir pu s'accorder ce voyage exceptionnel, ce séjour à Rome, sur les traces des plus grands, cette Antiquité dont Elle parlait tant. Comme un retour aux sources, un dernier hommage... 
Les touristes les dévisageaient, un couple soupira de voir des jeunes femmes capables de tant d'impolitesse et d'irrespect envers ces œuvres d'art ; d'autres ne peuvaient s'empêcher d'être pris de curiosité pour ces six nanas, toutes de bleu vêtues, sac à dos chargé et Converse aux pieds. Pas très banal, il faut dire. La villa Borghese n'avait jamais connu ça.

Soudain, les filles s'arrêtèrent, dans un même élan stoppé net. 
Une statue devant elle avait attiré leur attention. Celle-ci était différente des autres. Elle semblait moins abîmée, moins dégradée par les siècles passés, comme si elle était plus récente... beaucoup plus récente. 
Machinalement, les six amies se serrèrent les unes contre les autres. Elles ne riaient plus, elles n'osaient même plus parler.
- "Vous voyez cette expression, sur son visage? C'est comme ça que je me sens, à l'intérieur". 
- Mais pourquoi sommes-nous venues là? Ce n'était pas une...
- Pour Elle, on est là pour Elle... parce qu'elle nous a tant parlé de ce Musée, elle aimait tant cette ville,... Pour qu'Elle soit encore un petit peu avec nous, voilà pourquoi on est là."
Cette phrase était sortie vite, comme un râle, comme sur un dernier souffle, l'impression qu'on ne pourra plus jamais respirer comme avant.
- Elle me manque tellement."

Alors les filles se prirent dans leurs bras, devant cette statue et devant la centaine de gens autour d'elles... et elles pleurèrent. Longtemps, sans bruit, elles pleurèrent. 
Il avait fallu ce voyage auquel Elle aurait dû participer, ces milliers de kilomètres loin du quotidien, pour qu'elles réalisent que la mort leur avait pris leur amie, leur douce et rieuse amie. 

Doucement, une des filles se dégagea. Les autres surent ce qu'elle était sur le point de faire. La première fouilla dans son sac pendant que les autres guettaient l'arrivée d'un gardien. Elle en sortit un bout de tissu, un tricot un peu informe, et d'un geste vif, le passa autour des épaules de la statue. 
Les filles, déjà prêtes à s'enfuir, se tirèrent par la main et se ruèrent dans les escaliers sur leur droite. 
On pouvait les rattraper, les arrêter, elles s'en foutaient. Le trendy châle/string en laine était maintenant au cou d'un bien illustre personnage. Et ça, elles le savaient, ça aurait plu à leur amie. Elles le savaient, car au fond d'elles-mêmes elles entendaient déjà son rire résonner jusqu'à envahir la moindre parcelle de leurs corps meurtris. 



 Leil, la petite bougie de la semaine dernière convenait mieux à mon état d'esprit du moment, mais voici ma participation. Merci ne nous donner l'occasion de nous exprimer, quel que soit ce que l'on ressent.
Je ne pensais pas être capable d'écrire cette semaine, les mots ne venaient pas. 
Mais ma Tanaq', j'espère que de là où tu es, tu peux lire cette histoire, et qu'elle te fait bien marrer. Tu nous manques, on ne t'oubliera pas. 

lundi 24 novembre 2014

Une si petite flamme





Merde, merde, merde... 
Toutes les photos sont ratées. Toute la série. 
Mais c'est pas possible d'être un boulet pareil... y'a rien de compliqué, dans le fait de mettre le flash sur cet appareil photo. 
Je savais bien que je n'aurais pas dû le confier à n'importe qui. Il ne me paraissait pas trop manchot, pourtant, le cousin du père de... de qui déjà? 

Ah non, pas toutes, en fait... celle-là, là, avec la bougie... pardon, le cierge du baptême. Ca donne un joli effet. Mais ça n'a pas l'air d'avoir été fait exprès, hein, à voir le reste des clichés de ma carte mémoire!  

L'avantage? On ne voit que nos mains... et pas nos têtes. Heureusement, car quelques instants auparavant, nous avions les larmes aux yeux. Et ce n'était pas l'émotion, non... le parrain et la marraine qui répriment (à peine) un fou-rire devant l'air solennel du prêtre qui tente tant bien que mal de te pencher la tête dans l'eau, ça ne fait pas très sérieux. 
Mais toi tu ne voulais pas, mon ange. Tu gigotais, tu chouinais... tu sentais bien qu'on allait te faire un truc pas cool. Déjà qu'on t'avait réveillée pour ça... tu n'allais quand même pas te laisser faire! 

Je revois les visages crispés de tes parents, qui nous fusillaient du regard. La cérémonie était un supplice qui devait leur faire regretter de m'avoir choisie comme marraine et Adrien comme parrain. Aux premières notes des chants religieux, je me suis demandé ce que je faisais là. A côté de moi, Adrien chantait atrocement faux. Premier fou-rire. 

Ont suivi les recommandations du prêtre, sur les responsabilités des parrain et marraine, qui doivent accompagner le nouveau baptisé dans sa vie spirituelle... bla, bla, bla... A ce moment-là, Adrien m'a soufflé "Sans blague? Il est sérieux? On l'emmènera en boite plutôt qu'à la messe". Deuxième fou-rire. 

Sur cette photo,  je tiens le cierge allumé par le prêtre, et Adrien doit faire de même en allumant la petite bougie, symbole de la lumière que nous transmettrons à notre filleule. Enfin il essaie... tout ne se passe décidément pas comme prévu. 

A la sortie de l'église, Myriam a fait un peu la gueule : "Bravo, tous les deux... on ne peut vraiment pas compter sur vous. Vous ne pouviez pas être sérieux deux minutes?". 
Mais au fond, elle sait qu'elle a fait le bon choix, pour sa fille. Personne ne pouvait mieux remplir ce rôle que sa meilleure amie et le frère de son homme. 

Ce soir, quand je suis allée te regarder dormir, j'ai su qu'elle avait raison. Il y a quelque chose, chez toi, ma princesse, qui me fait fondre. Je serai toujours là pour toi. Des soirées baby-sitting, tes parents peuvent m'en demander autant qu'ils veulent. 
Assise sur le canapé, l'ordi sur les genoux, je ne résiste pas. J'ouvre ma boite mail, je copie la photo et tape ces mots pour Adrien : "Finalement, on n'aura pas tout raté. Elle est sympa cette photo. Je garde notre filleule ce soir. Elle dort et elle est trop belle". 
A peine ai-je le temps de souffler sur mon thé, qu'une réponse me parvient. "Génial. Je peux venir?"





Comment ne pas écrire quelque chose de triste, à partir d'une photo aussi sublime? Ce fut difficile, mais l'idée a fait son chemin.
Voici de quoi honorer ma vingtième participation à l'atelier de Leiloona!!!!!!

lundi 17 novembre 2014

La méprise (Une photo, quelques mots, 19)




"J'me casse, j'en ai ma claque, plein mon sac
Près d'la porte, prêt à sortir, à bondir. 
Loin des regards suspicieux et des gens pas heureux
La rame est bondée, pourtant le siège à coté est inoccupé
Mon jean troué vous rend méfiants, moi j'suis bien dedans, c'est vous qui êtes chiants
A trimballer vos préjugés, vos idées reçues
J'viens forcément de la cité, peut-être même que je vis dans la rue

Voilà pourquoi j'me casse, j'en ai ma claque, plein mon sac
Je me tire d'ici, adieu Paris et ton ciel gris
J'veux ma part du gâteau, loin du métro, boulot, dodo
J'rêve d'une place au soleil, d'être un jour pété d'oseille..."

Soudain, une main se pose sur mon épaule. Je me retourne.
La dame assise derrière moi semble vouloir me parler. 
Je retire mes écouteurs, elle hésite : 
"- Pardon... jeune homme... pourriez-vous, baisser... un peu... le son de votre.... euh... allons, comment dit-on, euh... rap?"  
Je me marre tout seul :
"- Madame, ce n'est pas du rap, c'est du slam. Je vous fais écouter?"

Voici ma participation à l'atelier de Leil. Mille excuses aux participants de la semaine dernière, que je n'ai pas eu le temps d'aller visiter, avec la semaine de folie que je viens de passer.

lundi 10 novembre 2014

Comme des étrangers (Une photo, quelques mots, 18)




                                                              © Romaric Cazaux



-          Ils sont là… Tu y vas ?
-          Pas question. C’est ton tour, cette semaine.

Je soupire, reprends une grande respiration avant de me diriger vers eux.
Ils ne me voient pas, absorbés qu’ils sont par leur observation minutieuse de la carte qu’ils connaissent pourtant par cœur.
Je n’ai pas besoin de papier ni de crayon. Je connais déjà leur commande. Le poisson du jour pour elle, le tournedos pour lui. Elle ne finira pas son assiette, la repoussant d’une main, une moue de dégoût sur ses lèvres. Il dira, au moment où on viendra débarrasser leurs assiettes, que la viande était moins tendre, trop cuite, que sais-je encore… C’est comme ça depuis des années. Pourtant, ils sont encore là.
Une sorte de rituel : chaque dimanche, la même table, les mêmes plats.
Peut-être est-ce le restaurant de leur premier rendez-vous ? là où il l'a demandée en mariage ?
Peut-être un jour se sont-ils souri, parlé, touché, embrassé, là, à cette table…
Aujourd’hui ils ne se parlent plus, ils ne se sourient plus, ils ne se regardent même plus. Ils se planquent derrière cette immense carte, pour donner le change.


Pas forcément très inspirée, cette semaine, par la photo de l'atelier de Leiloona. Mais l'important, c'est de participer!

samedi 8 novembre 2014

Exposition Sade, attaquer le soleil

Le Musée d'Orsay présente en ce moment une exposition sur l’œuvre du Marquis de Sade, et son influence sur ses contemporains, ainsi que sur le monde de l'art en général.





Avec une vidéo de promotion qui a marqué les esprits, et une collection vertigineuse d’œuvres d'art présentées, cette exposition devient quasi incontournable.  









L'exposition commence par quelques extraits vidéos de films tirés des œuvres de Sade : un avant goût très explicite de ce qui attend le visiteur. 

Quelques panneaux présentent une biographie de Sade, où l'on apprend comment il a été mêlé à plusieurs "affaires" concernant des jeunes femmes, dans plusieurs villes, comment il a été jugé, et où l'on constate que l'homme a passé une grande partie de sa vie enfermé. 

Ensuite, plusieurs regroupements sont opérés, au gré d'une citation de Sade, illustrée par des œuvres de ses contemporains essentiellement, mais également plusieurs œuvres antiques ou postérieures. 
Le but n'est visiblement pas uniquement de montrer comment le divin marquis a bouleversé l'art en général mais également de prouver que ce qui inspire Sade est présent dans l'art depuis des siècles et des siècles. 

Sont évoqués tour à tour la cruauté, l'athéisme de Sade, le lien établi entre souffrance et désir, et peu à peu, plus le visiteur contemple d’œuvres, plus il a le sentiment que la représentation du corps est bouleversé, la nudité s'érotise, il y a clairement un avant et un après Sade.
Côté artistique, tout y passe : scène de viol, de torture, de martyr, scènes érotiques, scènes de guerre... C'est sûr ce point-là que j'ai du mal à suivre le lien qui a été fait entre l’œuvre de Sade, et ce genre de tableaux.

Il faut à mon avis attendre le XXe siècle et notamment les surréalistes pour comprendre comment Sade a révolutionné les pensées, et comment les surréalistes se sont littéralement approprié le personnage et son travail. A travers des tableaux de Ernst, Picasso, Dali, des photos de Man Ray, des illustrations de Valentine Hugo, on comprend comment les surréalistes ont pris appui sur Sade pour mener à bien leur projet de liberté absolue. 
Ajoutez à cela les dessins de Masson qui ont servi à illustrer les œuvres de Sade, et vous avez un panorama assez complet de la violence qui se dégage de cette collection. 

La femme est évidemment au cœur de l'exposition, par diverses représentations alliant sensualité, érotisme, et férocité. J'ai été particulièrement surprise de trouver une copie d'une lettre manuscrite de la femme de Sade, adressée au marquis... Je ne savais pas qu'il était marié, et je me surprends à me demander qu'elle a été réellement la vie de cette femme dont le mari avait un penchant sans limite pour le sexe.

On peut toutefois regretter que l'accent n'est pas été davantage mis sur l’œuvre de Sade en elle-même, car, mis à part les citations (plutôt courtes) affichées et les éditions anciennes de ses ouvrages présentés sous vitrines, on peut considérer que les écrits de Sade n'ont pas été assez exploités. 

Il s'agit donc davantage d'une très belle rétrospective d'histoire de l'art, parfaitement orchestrée, qu'une exposition consacrée à Sade.

jeudi 6 novembre 2014

Verrines aux couleurs automnales


Premier Novembre, retour de la pluie, anniversaire en famille et verrines qui réchauffent l'atmosphère. 


Verrines de betteraves
- 3 ou 4 betteraves 
- crème frâiche 
- piment d'Espelette


Si elles ne le sont pas déjà, cuisez et épluchez les betteraves, avant de les mixer. 
Ajoutez la crème fraîche pour obtenir une purée lisse et onctueuse, et le piment à hauteur de vos goûts. 
Répartissez dans les verrines, et décorez de graines de sésame. 


Verrines de carottes :
- une dizaine de carottes 
- échalote
- poitrine fumée
- un cube de bouillon de pot au feu
- épices

Faites revenir les carottes avec l'échalote, puis ajoutez la poitrine fumée. 
Ajoutez le cube de bouillon de pot au feu (dégraissé de préférence) et laissez cuire jusqu'à caramélisation des carottes. 
Mixez le tout, et ajoutez les épices : curry, cumin, curcuma, safran.
Répartissez dans les verrines, décorez d'une branche de persil ou d'une feuille de menthe.

Astuce : peut se réaliser aussi sans poitrine fumée (oubliée dans ces verrines) et c'est tout de même très bon.





                                            Bon appétit!

mardi 4 novembre 2014

Douce folie & Friend thérapie, Christy Saubesty

Sur les conseils de notre grande prêtresse du mardi coquin, Miss Stéphie herself, j'ai lu deux nouvelles de Christy Saubesty, sur liseuse. 



L'histoire : Dans Douce folie, Tonya se retrouve confrontée à une fuite d'eau sous son évier. Dominic, plombier de son état, va venir la dépanner... et plus parce qu'affinités. 

Dans Friend Thérapie, Agnès se lamente après une énième rupture. Elle est persuadée d'avoir un problème, et de de pas savoir s'y prendre avec les hommes. Soutenue par son ami gay, Elliot, et Matt, un collègue de boulot, Agnès se confie. Et Matt va lui proposer ses "services" pour remédier à ce qui semble un sacré blocage... 







Mon avis : Que d'altruisme, ma foi, que d'altruisme! 
Ah qu'ils sont sympas, ces mecs, de se dévouer pour rendre service à de belles jeunes femmes en détresse! 
La première nouvelle, plutôt courte, va droit au but. A peine entré dans sa cuisine, Dominic fait déjà beaucoup d'effet à Tonya, et inversement. La fuite d'eau réparée, le plombier n'est pas décidé à partir. 
On n'évite pas les clichés relou sur le thème de la fuite à colmater... "c'est une sacrée fuite, que vous avez-là" dit élégamment Dominic à Tonya, tout en lui enlevant sa culotte. Hem... bon, on s'y attendait, en même temps. 
L'ensemble est ma foi plutôt relevé (comme le jambes de Tonya, le plus souvent... ok, c'était facile) et ne s'embarrasse pas de sentiments. 
L'un fait tourner l'autre en bourrique, ça se cherche, ça se chamaille, et ça se réconcilie direct sous la couette. 
Enfin, sous la couette, pas exactement, car Tonya et Dominic pratiquent dans des endroits pas banals. 
Et Tonya n'est pas le genre coincée, timide et neuneu, qui découvre la vie. Ouf! 
Au final, ils ont le mérite de ne pas se prendre... la tête, et se contentent de bonnes parties de sexe sans se poser de question. Eh ben j'ai envie de dire "what else?"

Dans Friend Thérapie, on découvre Agnès, jeune femme plutôt sage qui pense qu'elle ne sait pas donner (ni prendre, d'ailleurs) du plaisir au lit. En effet, traumatisée petite par la vision de ses parents en pleine action, elle est persuadée que cela a créé chez elle un blocage. 
Alors là je me suis dit que j'étais retombée sur la pleurnicheuse coincée que les romans du genre savent si souvent nous fourguer. Et ce fut un peu le cas, car Agnès est choquée d'un rien, surtout par les propos de son ami Elliot. 
Lorsqu'Elliot propose à Agnès d'inviter Matt, un collègue, à leur prochaine soirée, Agnès est mortifiée. 
Pourtant, Matt s'avère très à l'aise, entre Elliot et ses remarques cash, et Agnès, ivre morte, et ne s'offusque pas le moins du monde des cochonneries qu'elle peut dire.
Au boulot, Matt suggère même à Agnès de l'aider à régler son problème. 
Agnès ne sait que répondre, faut dire que Matt est quand même beau gosse et gentil, avec ça. 
Une autre soirée s'organise, et cette fois Elliot s'éclipse... eh ouais... c'est ballot.
Matt va lentement se rapprocher d'Agnès, et l'initier tout en douceur à la recherche du plaisir. Et oh, miracle, là ça marche, du premier coup! Comme quoi hein... Agnès n'avait dû tomber que sur des branques... 
Dans cette nouvelle, j'ai aimé le trio formé par Elliot, Agnès et Matt. J'ai aimé les scènes entre Matt et Agnès, très bien décrites, et qui font monter lentement la température. 
J'ai moins aimé Agnès, parce qu'il y en a un peu marre des filles coincées du slip qui n'assument rien. 

Malgré tout, ces nouvelles m'ont fait passer un bon moment. C'est original, bien écrit, et bien pensé.