dimanche 26 janvier 2014

Mauvais genre, Chloé Cruchaudet

Intriguée par tous les avis lus sur cette BD, j'ai eu envie de la lire. 
Une lecture qui me permet de participer au challenge "Une année en 14", proposé par Stéphie.
Autant de bonnes raisons pour lire cette BD.  



L'histoire : Paul, traumatisé par la grande guerre, se coupe un doigt pour pouvoir être rapatrié. Ensuite, il déserte. Sa femme, Louise, vient le chercher et le cache dans un hôtel. Pour pouvoir sortir sans risque, Paul s'habille en femme. La liberté retrouvée amène Paul à prendre goùt à ce travestissement, il se "transforme" peu à peu. 












Mon avis : J'ai été littéralement hypnotisée par cette BD; toutes les planches sont magnifiques, les couleurs, le trait, tout est sublime. 
Le premier choc est brutal. Après quelques planches sur l'amour naissant de Paul et Louise, on retrouve celui-ci dans les tranchées où il vit l'horreur : son meilleur ami meurt d'un éclat d'obus, sa tête explosant à quelques centimètres du visage de Paul. Comprenant qu'il n'a aucune chance de sortir de là vivant, Paul se blesse volontairement pour être rapatrié. 
Paul tourne en rond seul toute la journée à l'hôtel. Lorsque l'idée lui vient de se travestir, on n'y croit pas. La robe de Louise le serre, la démarche est masculine, les mains enfouies dans les poches... et pourtant, ça marche. 
La transformation de Paul est progressive. Chloé Cruchaudet réussit la prouesse de transformer ce visage rugueux en un visage fin, aux cils allongés, à la moue boudeuse et à la grâce féminine, tout en sensualité. Une page en particulier m'a marquée : le dessin prend toute la planche, et on prend plaisir à "lire" cette page lentement, car on comprend à ce moment-là que Paul n'est plus. Suzanne a pris le dessus. 
Suzanne, tout le monde l'aime, elle est pleine d'humour, elle s'attire les regards et la sympathie de ses collègues. Mais avec Louise, rien ne va plus. 
Alors Paul/Suzanne va voir ailleurs, au bois de Boulogne. La perversité de cette transformation prend tout son sens car là-bas le personnage peut être ce qu'il/elle veut. 
Ce piège glauque se referme sur le couple lorsque Paul entraîne Louise dans sa débauche. Louise n'a pas sa place dans ce monde, et ne comprend pas pourquoi Paul lui préfère la compagnie de ses compagnons du bois. Le malaise s'installe, et il pose une sérieuse question sur les genres, comme le rappelle le titre.
Entre incompréhension, jalousie et violence, la fin est fatale, inévitable. 

Cette BD est un petit bijou en ce qui concerne le dessin. Le trait me semble à la fois fin et grossier, tour à tour vif et tendre.  Les planches sont sombres, ponctuées de pointes de rouge. Rouge qui ponctue les tenues de Suzanne, ou rouge rappelant le sang et l'horreur de la guerre? 

En bref, cette BD est étonnante, elle bouleverse autant qu'elle dérange. 


11 commentaires:

  1. J'espère la trouver très vite à ma médiathèque, elle a l'air incontournable, en effet. Bises

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  2. Ce deuxième avis ne fait que me conforter dans le désir de lire cette BD! Merci d'avoir partagé ton enthousiasme.

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  3. Intéressant en effet! Je vais essayer de la voir!
    Bisous sara :-)

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  4. Un album magnifique, tu fais bien de parler de "petit bijou".

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    1. Oui, c'en est vraiment un.
      Je fais mes choix grâce à ton blog, celui de Stéphie, Noukette (vous êtes mes références BD!) et entre Abélard, La maison en petits cubes et ça, pour l'instant c'est un sans faute!

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  5. Hypnotique tu as bien raison... Un vrai coup de coeur !

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    1. Encore trouvé personne qui n'a pas aimé.
      Chaque fois que je lis une BD conseillée par toi, Jérôme ou Stéphie, c'est réussi!

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  6. Un vrai coup de coeur ! Une BD exceptionnelle !

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