samedi 8 novembre 2014

Exposition Sade, attaquer le soleil

Le Musée d'Orsay présente en ce moment une exposition sur l’œuvre du Marquis de Sade, et son influence sur ses contemporains, ainsi que sur le monde de l'art en général.





Avec une vidéo de promotion qui a marqué les esprits, et une collection vertigineuse d’œuvres d'art présentées, cette exposition devient quasi incontournable.  









L'exposition commence par quelques extraits vidéos de films tirés des œuvres de Sade : un avant goût très explicite de ce qui attend le visiteur. 

Quelques panneaux présentent une biographie de Sade, où l'on apprend comment il a été mêlé à plusieurs "affaires" concernant des jeunes femmes, dans plusieurs villes, comment il a été jugé, et où l'on constate que l'homme a passé une grande partie de sa vie enfermé. 

Ensuite, plusieurs regroupements sont opérés, au gré d'une citation de Sade, illustrée par des œuvres de ses contemporains essentiellement, mais également plusieurs œuvres antiques ou postérieures. 
Le but n'est visiblement pas uniquement de montrer comment le divin marquis a bouleversé l'art en général mais également de prouver que ce qui inspire Sade est présent dans l'art depuis des siècles et des siècles. 

Sont évoqués tour à tour la cruauté, l'athéisme de Sade, le lien établi entre souffrance et désir, et peu à peu, plus le visiteur contemple d’œuvres, plus il a le sentiment que la représentation du corps est bouleversé, la nudité s'érotise, il y a clairement un avant et un après Sade.
Côté artistique, tout y passe : scène de viol, de torture, de martyr, scènes érotiques, scènes de guerre... C'est sûr ce point-là que j'ai du mal à suivre le lien qui a été fait entre l’œuvre de Sade, et ce genre de tableaux.

Il faut à mon avis attendre le XXe siècle et notamment les surréalistes pour comprendre comment Sade a révolutionné les pensées, et comment les surréalistes se sont littéralement approprié le personnage et son travail. A travers des tableaux de Ernst, Picasso, Dali, des photos de Man Ray, des illustrations de Valentine Hugo, on comprend comment les surréalistes ont pris appui sur Sade pour mener à bien leur projet de liberté absolue. 
Ajoutez à cela les dessins de Masson qui ont servi à illustrer les œuvres de Sade, et vous avez un panorama assez complet de la violence qui se dégage de cette collection. 

La femme est évidemment au cœur de l'exposition, par diverses représentations alliant sensualité, érotisme, et férocité. J'ai été particulièrement surprise de trouver une copie d'une lettre manuscrite de la femme de Sade, adressée au marquis... Je ne savais pas qu'il était marié, et je me surprends à me demander qu'elle a été réellement la vie de cette femme dont le mari avait un penchant sans limite pour le sexe.

On peut toutefois regretter que l'accent n'est pas été davantage mis sur l’œuvre de Sade en elle-même, car, mis à part les citations (plutôt courtes) affichées et les éditions anciennes de ses ouvrages présentés sous vitrines, on peut considérer que les écrits de Sade n'ont pas été assez exploités. 

Il s'agit donc davantage d'une très belle rétrospective d'histoire de l'art, parfaitement orchestrée, qu'une exposition consacrée à Sade.

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